Carnet de bord #9

Arrivée à Sagada

Je me réveille dans le bus avec la lumière du soleil qui se fait trop abondante pour rester endormi. Dehors, on a changé de décors. On est en pleine montagne, en bas une vallée traversée par une rivière. Elle est entourée de part et d’autre par des rizières en terrasse. Des buffles d’eau se reposent tandis que les hommes sont déjà au travail.
Une heure plus tard, nous arrivons à destination : Sagada.
Je me rends directement à l’office du tourisme pour payer la taxe touristique obligatoire pour visiter toutes les attractions du coin. On me donne un reçu qu’il faudra que je présente à chaque fois. Je book un premier tour : « l’aventure trail ». Trois heure de rando avec un guide dans les environs.
Mais avant : le petit déjeuner. Je me présente auprès d’une bonne auberge et commande un des œufs au bacon accompagné d’un café noir. A côté un touriste discute avec la police locale. Visiblement j’arrive après la tempête…
Une fois les formalités terminées, j’engage la conversation : il s’est fait voler son appareil photo pendant qu’il prenait sa douche alors qu’il l’avait accroché à un porte-manteau. Personne dans l’hôtel, sauf un groupe de touristes venus visiter les chambres et le personnel. Ça s’est passé il y a quelques jours et il n’en a jamais revu la couleur. Même après avoir gentiment expliqué que l’appareil n’avait pas de valeur, seul comptait sa carte mémoire contenant les photos de trois derniers pays visités. La carte mémoire n’est jamais réapparu elle non plus. Mystère et souvenirs perdus.
Faites des backup !

Je retourne à l’office de tourisme pour y laisser mon sac après m’être équipé pour la balade. Car oui mon hôtel est loin, très loin… Ça m’apprendra à réserver sans trop regarder les temps de trajet avec les attractions locales…
Mon guide m’attend et c’est parti. On entame la balade en passant par le marché qui se tient là une fois par semaine. On y vend des fruits et des légumes frais. Du riz aussi. On dégringole quelques marches pour arriver aux cercueils suspendus. Tradition locale où il est possible, si on le désire avant sa mort, rester à l’abri de la montagne en attendant que le temps fasse son affaire. Sinon on peut aussi choisir un enterrement classique. Une affaire de goût. Pas de magie ici, le guide m’explique qu’on érige à la va-vite des échafaudages pour venir y ranger le dernier défunt ayant fait le souhait de venir s’y reposer pour un certain temps.
On part ensuite hors des sentiers battus, on traverse rapidement une plantation de caféier. La région est réputée pour leur Arabica. C’est donc pour ça que le café de ce matin était plutôt pas mal ! On se dirige ensuite vers un cours d’eau que l’on remonte jusqu’à une grotte. On allume les frontales et c’est parti on s’engouffre à l’intérieur. On est accueilli par des chauves-souris passant la journée au frais et dans le noir. Quelques minutes plus tard, j’aperçois la lumière au bout du tunnel. On continue à remonter le fleuve jusqu’à une petite cascade. L’eau est profonde de 2,5m m’explique le guide quand je m’inquiète de voir des gamins y plonger la tête la première. Dans un coin, on allume un barbecue. Et oui il est déjà midi !
On remonte par des terres agricoles et des rizières jusqu’au centre-ville. Une belle balade pour découvrir les environs. Je retourne à l’office du tourisme pour voir quelle attraction faire ensuite. C’est en lisant la carte avec attention qu’on m’interpelle. Elle est rousse, très blanche, des yeux pétillants et parle avec un joli accent anglais. Elle s’appelle Ania. Elle me demande si j’ai besoin d’aide. On sympathise rapidement et on est venu à la même conclusion, mieux vaut faire équipe ici pour partager les frais. Car oui tout est…. payant ! En plus des frais de tourisme, pour chaque attraction, il faut être accompagné d’un guide dont les frais commencent à rapidement s’additionner si l’on compte bien profiter de la région. Dans certains endroits la présence d’un guide est justifié dans d’autres… disons que ça permet de financer une partie de la population…
On prévoit donc d’aller faire une expédition souterraine le lendemain. Entre-temps, on part manger un morceau avant d’entamer l’ascension d’un mont pas trop loin en espérant avoir une belle vue sur les environs.
Après quelques péripéties, on commence à grimper sur un chemin qui nous mène directement à une maison en cours de construction. Visiblement on a loupé quelque chose. Les ouvriers nous indiquent gentiment la piste à suivre.
En haut, la vue s’ouvre sur les hauteurs des environs, forêts et rizières. Plutôt sympa !
On redescend pour rejoindre la route principale où l’on se fait questionner par un barrage routier. Ania prend les questions pour interrogatoire en bonne en dû forme « Qu’est-ce que vous avez vu là-haut ? ». La méprise aura au moins fait rire tout le monde.
Retour en ville, Ania repère un musée qui n’a l’air de rien. On y grimpe et là surprise, nous sommes au premier étage d’une maison traditionnelle (on aurait pas dit de l’extérieur) qui affiche une jolie collection d’objets de tout usage de la région. Le tenancier, un natif d’ici, nous narre comptes et légendes à l’aide de ses ustensiles. C’est captivant ; une belle découverte.

Il est 17 heures et je ferais mieux de regagner mes pénates. La dernière Jeepney vient de partir en direction de mon hôtel. La Jeepney c’est le mini-bus local à la différence qu’il s’arrête où on lui demande, que chaque conducteur se donne un malin plaisir à personnaliser son véhicule (on voit de tout) et que le confort est plutôt du genre…. rustique. Bref, je suis à pieds. Une heure de marche, ça grimpe pas mal et il commence à pleuvoir et la nuit tombe. Joie.
Après une longue marche terminée à la frontale, j’arrive dans l’établissement « Coffee Heritage ». Le café à intérêt d’être bon c’est moi qui vous le dit !
Il est situé en hauteur au milieu d’une forêt. A l’intérieur, on se croirait dans un chalet de montagne, la neige en moins pour la période de l’année.
Ici pas de chambre pour moi, mais un dortoir partagé avec certains clients. Je pose mes affaires, prend une bonne douche et part dans la pièce à vivre. Je fais d’abord la connaissance d’Hana et sa mère passant quelques jours ici. Elles sont japonaises, sa mère est venue assister à sa soutenance de thèse. Elle a beaucoup voyagé et étudie la science politique. Après sa soutenance, elle va retourner quelque temps au Japon pour revoir sa famille et ses amis.
Je commande mon repas au comptoir et fait la rencontre de Jenny et de son amie qui me recommandent de tester le café. Elles travaillent dans l’informatique (quel hasard !). Jenny est une habituée, elle vient souvent là pour échapper au tumulte de Manille et de son travail. Elles me proposent de les rejoindre dehors plus tard où le gérant a allumé un feu. Bien équipées, elles ont pensé aux marshmallow. Je termine mon repas décidément bien bon (une autre bonne surprise avec celle du délicieux café) et part dehors.
Dehors tout est silencieux, il semble même que le feu a décidé de brûler sans un bruit tranquillement son carburant.
Hana et sa mère nous rejoignent quelques temps après, on discute pendant que la nuit s’installe. Tout est paisible, une bonne façon de terminer une bonne et longue journée. Je pars me coucher pour y mettre un point final.

Sagada

Décidément on a pas la même notion du silence. Dans le lit double à côté du miens, ses occupants on décidé de concurrencer les coqs à quatre du matin. Ils parlent de vive voix et allume leur frontale sans faire attention à leurs voisins de chambré. Courte nuit, je prends une douche, fait mon sac et me rend en bas.
Le soleil ne va pas tarder à montrer le bout de son nez au dessus des montagnes. Je m’installe dehors avec mon appareil photo pour ne pas louper le moment. Plus tard, la cuisine ouvre, j’en profite pour commander un café qui arrive presque à me faire oublier la nuit tumultueuse (car se sont aussi des ronfleurs hors pair ! Le genre à faire trembler les murs). Je quitte l’endroit pour rejoindre la route afin de prendre la Jeepney se rendant au centre-ville. Je ne suis pas le seul à l’attendre, des mamas sont là avec leur cargaison de fruits et légumes pour les vendre au marché de la ville d’à côté. Tout est chargé dans la Jepneey rendant l’endroit encore plus étroit qu’il n’était auparavant. Il ne fait pas bon d’être grand pour ce genre d’engin.
Arrivé à la ville, je rejoins Ania dans son hôtel où je réserve une nuit. J’avale un petit déjeuner avec elle et nous voilà parti pour la visite d’une grotte. Seul équipement : sandales et frontale. Ça va bien se passer…
On décide de s’y rendre à pieds avec le guide histoire de ne pas payer en plus les frais de transport en van… Après 20 minutes de marche, nous voici rendu devant l’entrée. Notre guide s’absente quelques minutes pour revenir avec… Une Petromax… enfin plutôt une réplique chinoise. Ça rappelle des souvenirs…
Notre guide prend soin de l’allumer et c’est parti pour la descente. Ici tout est soit glissant, soit hyper-glissant. Il faut faire attention où on met les pieds et chaque pas est un challenge. Pas d’infrastructure ici, pas d’électricité, de barrière ou autre. Niveau sécurité c’est plutôt sparciate « Don’t fall here or you die ». On a vu des groupes revenir, visiblement il y a possibilité d’en sortir vivant. On passe dans la première salle, la grotte est superbe et en bon état. L’eau limpide se tinte en dégradé de bleu grâce à calcaire arraché à la paroi lors de sa traversée. Dans la deuxième salle, le guide nous demande d’enlever nos chaussures. Pas qu’on va salir, non. Il nous faut plus de grip et à partir de ce moment il va y avoir beaucoup de passage dans l’eau. On descend encore progressivement, on s’arrête plusieurs fois pour prendre des photos. Ici toute excroissance ou formation a une connotation érotique (y’avait pas Internet à l’époque, fallait bien s’occuper. Finalement les grecques étaient plus sages avec leurs constellations). Arrivé en un seul morceau au fond du trou (voilà que je m’y mets aussi…), surprise une piscine naturelle avec sa cascade. Le guide nous indique qu’on peut s’y baigner. Ni une ni deux, on plonge. Après une heure de descente aux enfers, c’est plutôt une soulagement. Ania crie, un requin des grottes ? Ah non l’eau est juste gelée. On s’y fait après quelques minutes. Ici le plafond est à plus de 30m, c’est plutôt classe comme piscine, au milieu des stala[ct|gm]iques et autres formations rocheuses des profondeurs.
Après un bon quart d’heure, il faut remonter. Une heure de montée plus tard, revoici la lumière du jour ! On remonte vers le centre-ville où on mange un morceau avant de repartir vers la prochaine excursion : la grande chute d’eau. Tient je connais cette route, ah oui c’est celle que j’ai prise hier. Il faut aller au même niveau que l’hôtel pour entamer la balade. Heureusement après une dizaine de minutes un van se prend de pitié pour nous et nous embarque tout en haut ! En nous déposant, je croise Jenny et son amie en Jeep qui reviennent de leur cueillette de café (une activité proposée par l’hôtel). On se présente à la guérite située à côté d’une école où on nous assigne un guide (moyennant finance bien sûr). On part avec un couple d’australiens histoire de partager les frais.
Il faut une bonne heure pour arriver à la cascade. On descend des marches glissantes pour rejoindre des rizières en terrasse. Plus bas un village. Notre guide nous indique que les enfants doivent se rendre tous les jours à l’école par le chemin que nous venons d’emprunter. Il faut être motivé ! Ici la vie scolaire peut être arrêté par manque de motivation (tout ce chemin à parcourir dans les deux sens tous les jours même par temps de pluie) ou par attrait du travail dans les champs et rizières avoisinantes. Dans le village se trouve une mine d’or où les ouvriers extrait la roche plus bas. Elle est remontée grâce à une tyrolienne motorisée par un van d’un certain âge. Une des jantes est reliée au système de traction par une simple courroie. C’est rustique mais efficace visiblement.
Dur labeur surtout que la production n’est pas terrible selon les dires de notre guide.
Nous continuons à descendre les marches à travers des rizières. En haut, on peut entendre les fuites dans les tuyaux apportant de l’eau douce puisée dans les hauteurs aux villages voisins. Finalement nous arrivons à la cascade entourée d’une végétation luxuriante. On s’y baigne quelque temps, le courant est fort, dur de s’approcher de la chute d’eau. La baignade est rafraîchissante et est plutôt bienvenue après cette longue marche. On repart ensuite vers un autre village. Le soleil montre le bout de son nez, donnant l’occasion de prendre quelques photos sympathiques des environs. La remontée ne sera pas longue, un van nous attend pour nous déposer à côté du point de départ. Faudrait pas non plus épuiser les touristes !
Nous revoici à pieds. On commence à redescendre jusqu’au poste de police où on nous propose de nous déposer. Sympa !
Retour à l’hôtel, une sieste s’impose avant le repas. Mais avant une bonne mangue fraîche achetée au marché.
19h, il faut faire vite car il y a un couvre-feu à 21h. Rien de bien militaire, les habitants veulent du silence et de la tranquillité. Pas question d’avoir un bar ouvert ou d’avoir une fête organisée sur un balcon après cette heure.
Effectivement, après avoir fait la connaissance d’un couple de singapourien dans le restaurant, il faut se rendre à l’évidence, il va falloir être motivé pour trouver un endroit où boire un verre. Ils prennent congés de nous et on décide de se rendre dans ce qui semble être le seul bar encore ouvert. Après quelques bières, le bar ferme ses portes. Retour à l’hôtel où on test l’alcool de fraise acheté plus tôt au marché. C’est pas mauvais mais celle-là elle va faire mal…

De Sagada à Batad

Léger mal de crâne prévisible. J’entends Ania qui part de l’hôtel. Elle se rend à Banaue pour la journée avant de partir vers l’île de Coron pour y faire de la plongée. J’entame la matinée tranquillement avant de trouver une Jeepney se rendant à Bontoc. Arrivé à destination où il n’y a qu’un van parant vers Banaue. On m’accueille à bras ouvert. En effet, le propriétaire souhaite attendre qu’il y ait plus de passagers pour partir. Un de plus donc.
Après une demie-heure d’attente et plusieurs passage de Jeepney : choux blanc ! Le conducteur se résigne et nous partons. Dans les passagers, il y a Molly à peine 18ans venue d’Australie et son amie (entrevues à la cascade la veille) puis David et Eric. David est français et habite à Toronto et son ami Eric est aux Philippines pour travailler ici. Après une heure et demie de route nous arrivons enfin à Banaue. Arrêt obligatoire à l’office du tourisme pour payer la taxe de tourisme. Deux solutions pour se rendre à Batad, un tricycle ou attendre la seule et unique Jeepney qui s’y rend à 15h. Comme David et Eric souhaitent se rendre aussi sur place, nous décidons d’y aller ensemble. Après un repas bien mérité nous nous rendons dans au point de rendez-vous de toutes les Jeepney du coin. Celle-ci est déjà bien remplie et nous ne tardons pas à démarrer. Je suis assis à côté d’une habitante du coin qui sympathise rapidement. Pas d’illusion, elle guide à ses heures perdues et me propose ses services. Elle s’appelle Ritchy et a toujours le mot pour rire. Pourquoi pas !
Après quarante minutes de trajet, nous arrivons à la fin de la route. Celle-ci n’est pas encore terminée et pour se rendre au village il faut s’armer de courage pour dévaler la piste qui y mène. Certains apportent des sacs de riz de plus de 30Kg. Comme Ritchy me l’a fait remarquer, il vaut mieux être solide et en bonne santé pour habiter là… Je l’aide à descendre ses courses et elle m’accompagne à la guesthouse que j’ai réservé plus tôt. Le village est situé dans les hauteurs des rizières, l’ambiance est plutôt rustique. La guesthouse est idéalement placée, pas d’habitation en dessous. La nuit tombe mais je peux apercevoir le panorama depuis la terrasse. On fixe l’heure de départ de la balade avec Ritchy pour le lendemain. La nuit est tombée, je commande mon repas qui arrive rapidement et part me coucher rapidement, le voyage a été long;

Batad

7h30 Ritchy est déjà là, je prends mon petit-déjeuner. La balade commence dure, il faut partir dans les hauteurs. Tout le village est assis sur l’une de face de la colline, le dénivelé est plutôt important et les marches glissantes. Mais ça se fait. Pendant la balade Ritchy m’explique un peu la vie ici. Il faut savoir que les rizières en terrasse existes depuis plus de 1000 ans. Chaque famille hérite générations après générations des champs de riz et c’est leur responsabilité de l’entretenir et de les cultiver. Cependant, la récolte annuelle ne suffit plus ! Obligé d’acheter du riz commercial pour combler le manque. D’un autre côté, les familles ne se contente maintenant que d’une seule récolte par an. Le travail est difficile car tout est fait manuellement. Vu la pente ardue, pas de mécanisation possible. Depuis quelques années le tourisme de masse se développe dans la région ce qui constitue un apport d’argent non négligeable vu les prix pratiqués. Le mari de Ritchy travaille jour après jour dans leur champ pendant qu’elle s’improvise guide de la région pour arrondir les fins de mois. Plus besoin – donc – de produire autant de riz qu’auparavant. Entre le dur labeur aux champs et balader les touristes dans les alentours, le choix est vite vu.
Cependant, être accompagné d’un guide n’est pas sans intérêt. Déjà pour les explications sans lesquelles ont manquerait toute un chapitre de l’histoire de la région. Et d’autre part pour être sûr de suivre toutes les règles non explicites. En effet, il ne faut pas marcher n’importe où. La consolidation et l’entretien des rizières représente une majeure et lourde partie du travail (malgré la présence de murs en pierre). Gare à vous si vous osez mettre le pied dans une digue fraîchement construite, on saura vous
La vue est magnifique malgré que ce ne soit pas la saison de la récolte (vers mars/avril). Les rizières vides de plantation reflète la lumière. Nous grimpons jusqu’au point culminant pour ensuite redescendre vers la cascade locale. Pas de short de bain dans mon sac et pas question d’en louer un à un prix prohibitif. Tant pis ça sera pour la prochaine fois. On remonte vers le village en bas des rizières. C’est le village originel avant que la région ne se développe. Chiens et poules cohabitent ensemble, il ne reste plus qu’une habitation traditionnelle. Maintenant on se contente des parpaings et de l’acier galvanisé en guise de toit. Ici une couturière tente de vendre des habits traditionnels fait maison. On se quitte au niveau de la guesthouse. Rendez-vous demain pour une randonnée vers le village voisin.
En fin d’après midi, je fais la rencontre d’un couple de français. On sympathise, ils viennent de faire la randonnée depuis Banaue (1 jour de rando pour y arriver) ils viennent simplement prendre leur repas avant de repartir. Ensuite un couple de néerlandais entame la discussion. Ils viennent d’arriver dans les environs. Après quelques conseils tirés de ma courte aventure, nous décidons de partir ensemble demain afin – notamment – de mutualiser les frais.
Pour le reste de la journée : lecture, repos et coupure de courant.

De Batad à Cambulo

Le matin Ritchy nous attend fidèle au poste pendant que nous prenons notre petit-déjeuner. Une fois avalé nous repartons par le même chemin qu’hier. Cette fois-ci je prends un bâton de marche, les retours des touristes de passage évoquant un chemin plutôt boueux et glissant.
Justement le voici qui commence, on s’arrête à la dernière cahute du village proposant quelques boissons et inévitables noix de coco. On commence à entamer le gras du mou. Interdiction de marcher sur les bas-côtés du chemin sous peine que le sol ne se dérobe sous nos pieds et d’atterrir cent mètres plus bas. Après plus d’une heure de marche nous arrivons enfin au village. Il pleut depuis déjà un moment et l’éclaircie n’a pas l’air d’être au programme. Nous visitons le village. Pendant la pause boisson, le tenancier nous explique l’origine de la panne d’électricité qui dure maintenant depuis hier soir. Une équipe d’ahurie aurait fait sauter un morceau de la montagne à la dynamite (probablement lié à la construction de la route vers Batad). Le glissement de terrain en résultant aurait emporté une partie des pylônes électriques en contre-bas dans le fleuve. Forcément ça marche moins bien.
Vu la tête de Ritchy, l’heure n’est pas aux moqueries : les réparations devraient prendre plus d’un mois. Noël aux bougies, pas de frigo, plus de téléphone portable. Retour dans le confort du début du siècle précédent. Déjà que les conditions ne sont pas idéales, ce n’était pas la peine d’en rajouter.
La visite du village se poursuit avec la découverte de l’école dont les infrastructures sont plutôt démesurées par rapport à l’endroit. Investissement du gouvernement. Soit. Plus loin, on trie le riz. Ici on s’efforce de construire les fondations d’une future maison. Pas facile vu la topologie du terrain.
Nous repartons sous une pluie battante. Encore une fois, il faut faire attention où on met les pieds, surtout au niveau des rizières que nous devons longer. Certains rebords n’ont pas été renforcé par du ciment et il faut faire attention à ne pas détruire les digues façonnées à la main. Nous revenons après une bonne heure de marche. Arrivé à la guesthouse, je fini rapidement de remballer mes affaires. Le tricycle que j’avais commandé à Banaue pour venir me chercher m’attend déjà depuis 15 minutes. On me rassure en me disant que si j’ai déjà payé il attendra le temps qu’il faudra. Moui.
Ritchy m’accompagne en haut du village jusqu’à une intersection. On se dit au-revoir et je commence la remontée de la piste jusqu’à la fin de la route. Le chemin est en pente et le sac plutôt pesant. En sueur, j’arrive jusqu’à mon conducteur qui me propose d’aller faire un tour dans un village avoisinant avant de redescendre. C’est gratuit, c’est juste pour la découverte. Michael de son nom. Père de deux enfants, il a arrêté la culture du riz pour faire conducteur de tricycle. Ça rapporte à peine de quoi vivre me dit-il. Il ne souhaite pas avoir une famille nombreuse et veut éviter à ses enfants ce qu’il a vécu étant jeune.
Il faut savoir que les familles comptent parfois plus de 6 enfants. Pas d’allocation. Il est difficile pour les parents de subvenir à leurs besoins. Beaucoup d’enfants n’ont pas d’autre choix que d’aller travailler. Entre une école pas forcément facile d’accès (pour certains c’est plus d’une heure de marche dans des chemins plutôt dangereux) et un travail permettant de subvenir à leur besoin, le choix est vite fait.
La vue du village est magnifique. Nous continuons à discuter de la situation de région. Il souhaite se reconvertir en maraîcher, ‘parait que ça paie plus.
Nous redescendons à Banaue où j’avale enfin mon déjeuner dans un restaurant local. Plus tard j’entre dans le bus de nuit direction Manille après avoir fait le plein de vivre à la boulangerie du coin. Marrant tous les français du coin y font la queue, on fera pas plus cliché.
Après une courte nuit, nous arrivons vers 5 heures du matin au terminus (des prétentieux). Direction l’aéroport. La compagnie a reculé mon vol à 8h au lieu de 10h tant pis pour la confortable marge.
Il faut savoir qu’à Manille, le trafic doit être pris en compte dans les temps de trajets. C’est l’embouteillage continuel. Arrivé à destination, le garde à l’entrée vérifiant les tickets tique en regardant ma résa. Et pour cause, j’ai réservé un vol pour la veille…
Arrivé au comptoir, j’invente une histoire carabinée. Car, dû à la modification de l’horaire de mon vol, il m’est autorisé de réserver un autre vol sans frais. Reste plus qu’à expliquer pourquoi je me pointe une journée après le départ du vol.
Une passe jedi plus tard et on me book sur le prochain vol vers El Nido, sans frais. Parfait !
Dans l’aéroport je recroise David et Eric qui partent eux vers Coron Island. On prend nos contacts respectifs car ils prévoient de descendre ensuite à El Nido.
Quelques heures plus tard, me voici dans l’avion en direction des iles paradisiaques.

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