Arrivée à Hualien
L’atmosphère est bien différente, il souffle ici un drôle de climat méditerranéen. Peut-être parce qu’ici la vie a l’air plus détendue, plus paisible.
Derrière les montagnes attendent ma visite, elles ne perdent pas de temps pour prendre de la hauteur. Quand on manque de place, on optimise.
Parti en quête d’un scooter, d’un nouveau forfait 4G et d’un casse-croûte. Ce n’est pas les magasins de location qui manquent. Je flâne un peu, on m’interpelle rapidement. Négociation du prix et du scooter, je vais pas mal tailler la route ces prochains jours et il me faut quelque chose de solide. Une heure plus tard tout est réglé, mon téléphone est de nouveau accepté dans le réseau taïwanais, je peux appeler mon hôte. C’est un ami de Frank (mon hôte dans les montagnes), ils se sont connus dans l’armée de l’air. Il me dit de venir, rapide calcul : trente minutes du centre-ville. C’est un peu loin mais j’ai besoin de calme.
J’arrive à la tombée de la nuit, son bouge est situé en plein cœur des montagnes, calé le long d’une rivière. Il est affairé à distraire un groupe de touristes qu’un bus aura déversé plus tôt. Le personnel me laisse le choix de la chambre, elle est spacieuse, confortable et on peut entendre l’eau de la rivière s’écouler au loin. Je me repose quelques minutes et planifie la journée du lendemain.
La faim commence à se faire sentir, je descends et dans l’escalier, je remarque les posters d’avions de chasse. Belle collection historique de l’escadrille de l’armée de l’air Taïwanaise. Le patron m’accueille, me propose de prendre mon dîner avec lui dans la cuisine, tout est fermé aux environs, il est dix-neuf heures. C’est un ancien pilote de F-5, 21 ans de service. Natif d’ici, depuis il propose des visites guidées dans les environs tout en comptant les légendes et histoires locales. Il est marié, deux enfants. Tous vivent ici dans une petite dépendance.
Je prends congés de lui et par me reposer dans ma chambre, demain je me lève tôt.
Gorges de Taroko
Levé six heures, on m’a préparé un solide petit déjeuner, je l’avale en vitesse et je pars en direction des Gorges de Taroko. Beautés naturelle du coin.
Une heure de route plus tard et j’arrive au centre touristique. Je demande une carte du coin, certaines parties sont fermées au publique, les derniers typhon auront eu raison des aménagements. Plus tôt, j’avais repéré une randonnée à faire, cependant celle-ci demandait l’obtention de deux permis. Je demande à tout hasard, on me dit qu’il n’est pas trop tard pour faire ma demande pour demain et que les bureaux ne se trouvent qu’à une centaine de mètre de là. Je suis accueilli par garde-forestier, il rempli les formulaires pour moi. Il me demande les informations d’une personne que je connais ici en cas d’urgence. Je demande à Natasha qui accepte. Il valide ma demande. Nous nous rendons ensuite au poste de police pour le deuxième permis. A Taïwan, il faut s’acquitter d’un an de service militaire, il a atterri ici par manque de place dans l’armée. Il me raconte donc qu’il passe ses journées derrière un bureau, qu’il y un peu frustré de sa position mais qu’heureusement il peu se rendre tous les mois sur le chemin de la randonnée pour vérifier l’état des installations. Un peu d’activité.
J’obtiens le deuxième permis facilement, une bonne chose de faite !
Natasha me notifie que les gardes forestiers l’ont appelée pour confirmer son identité et demander à ce que je la contacte toutes les heures pendant la randos. Ça ne plaisante pas ici.
Direction les gorges maintenant.
J’enfourche le scooter, le paysage se faire en plus en plus minéral, ce sont littéralement des murs droits qui se dressent devant moi. A gauche, une cascade enfourchée par un temple. C’est surréaliste. Celui-ci a été érigé en l’honneur des travailleurs morts pendant l’ouverture de la route qui sillonne les environs. Je veux bien croire qu’avec un terrain aussi instable, il y a eu quelques malheureuses pertes…
Impossible d’accéder au temple, le chemin y menant fait partie des dommages collatéraux des récents typhon. Pas grave, je fait le tour par la montagne en passant par un autre temple avoisinant. La vue est magnifique, cependant le temps presse, je repart plus haut. Le décor se creuse de plus en plus. La vue sur la rivière en contre-bas s’ouvre sur des gorges impressionnantes. Taillées dans la roche par le temps et la force des choses, on sent ici que rien n’est immuable, tout est en constante modification suivant l’implacable l’érosion, parfois violente à la vue des récents éboulis.
On peut suivre les gorges pendant un kilomètre ou deux tout en suivant un réseau de grottes parfois naturelles, parfois taillées à l’huile de coude.
Je commence à avoir faim, mais ici il y a définitivement trop de monde. Je pars plus haut. Le fond de l’air commence à se refroidir au fur à et mesure que je m’enfonce dans la montagne. J’arrive à la dernière attraction du coin, j’avale rapidement mon repas pour visiter le temple surplombant la vallée. Visite rapide en scooter des hauteurs, je suis vite stoppé par des travaux ne laissant passer les voitures toutes les demie-heure. Non merci, je redescends. En quête d’une rapide rando, je croise des touristes, encore. Trop de touristes ici, tant pis pour la rando, il y a en une belle de prévue demain. Le soleil commence à se faire rare dans les environs, je pars sur la côte, il parait qu’il ne faut pas manquer les falaises. Je roule pendant trente minutes environ, et d’un coup la vue s’ouvre totalement sur le Pacifique d’un bleu clair et intense. Au loin, la côté est ciselée par de magnifiques falaises où viennent s’échouer les vagues sans relâche. Le couchant ajoutant sa touche personnelle arrosant le paysage d’une lumière éclatante révélant les moindres détails.
Après s’être régalé d’un tel spectacle, je file en direction du marché de nuit de Hualien qui m’a été conseillé par le garde-forestier plus tôt. Pour des raisons pratiques tous les marchés de nuit de la ville on été réunis dans un seul endroit. C’est donc un place neuve qui accueille tous les stands de cuisines locales et jeux de hasard divers et varié. Il est dix-huit heures passées, le marché s’éveille à peine, certains stands sont encore fermés et s’ouvrent petit à petit. L’atmosphère est différente des autres marchés de nuit, peut-être à cause de ce côté « neuf ». Je fait un tour rapide et commande un plat à base de fleurs de courges, très bon. La glace à la fraise que je prends ensuite est beaucoup trop grosse, je marche un peu pour la digérer. Au centre du marché, on trouve un musée où on aura posé des vestiges de l’armée, quartier général des chiens errant du quartier.
Rentrée sans heur au logis. Je me pose tranquillement sur la terrasse, pas un bruit, sauf celui des grillons, de l’eau qui s’écoule et des chiens me tenant compagnie.
Randos Randos
Re-levé 6h, il faut arriver tôt au point de départ. Je donne mes permis au garde qui me tends deux feuilles A4 d’avertissements concernant la randonnée que je dois signer. On note mon nom et mon heure de départ, déverrouille le cadenas du portillon. Je pose un pied sur le pont suspendu, c’est parti !
Ça grimpe plutôt pas mal, il a des marches aménagées qui, au fur et à mesure, disparaissent pour laisser la place à une piste de trail (enfin !). Le soleil se lève et rayonne dans les végétations. Je croise quelques personnes qui prennent leur temps. Je les dépasse. Pour une raison que j’ignore, j’ai décidé d’y aller d’un pas pressé. Au bout de deux heures, j’arrive devant le passage le plus impressionnant de la rando : à gauche, un précipice de 500m s’ouvrant sur les gorges en contrebas. A droite, une paroi rocheuse droite comme un I s’élevant de quelques centaines de mètres. Au milieu, un chemin étroit de 50cm. Plus haut, des rochers ne demandant qu’à jouer avec la gravité. Tous les 50m ont été planté des panneaux demandant aux randonneurs de passer *très* rapidement et s’abriter en cas d’éboulement. Ambiance. J’arrive au point d’arrivé où plusieurs groupes se reposent et mangent un morceau. Je fais de même à l’ombre d’un érable.
Descente rapide, faite au trot. J’arrive au point d’arrivée une heure et demi plus tard.
Après quelques étirements, je me rends au centre touristique pour y manger un morceau après une sieste bien méritée. J’y rencontre un groupe de malais en pèlerinage catholique dans les environs. Ils se sont rendus ici pour faire une courte pause dans leur journée. On discute et échangeons nos contacts respectifs.
La météo se veut capricieuse, mais il me reste encore un peu avant le déluge annoncé. Pas trop loin, il y a un chemin qui remonte le cours d’une rivière affluente. Très touristique au départ, l’eau se tinte d’un dégradé de bleu (présence d’oxyde de calcium). Le plissement des roches affleurantes témoigne des forces en activité dans la région. Je remonte tranquillement la piste, je croise de moins en moins de gens. Un peu de calme, c’est désert, on fuit la pluie. Arrivé à la fin, je me permets d’accéder à la rivière, je me pose tranquillement pour profiter du spectacle, je fais le plein d’eau et repart. Quelques minutes plus tard, la pluie commence à tomber, c’était inévitable. Je retourne où j’ai posé mon destrier de fer direction le centre-ville de Hualien que je n’ai pas encore pris le temps de visiter. Ambiance plutôt chaleureuse, j’y trouve un restau de soupe de wontons. Un petite glace et retour à l’hôtel.
Journée grisaille
Il pleut. La matinée est dédiée à la planification des derniers jours dans le pays. L’après-midi, je tente une sortie pour visiter la partie méridionale des côtes. Trois heures de route sous la pluie, pas forcément très fun. Je rentre me sécher après avoir acheté mon dîner dans un 7/11 sur la route.
Dernière journée
Le matin, je me lève pour faire une randonnée dans les environs que le patron m’avait conseillé. Je remonte le cour d’une rivière en croisant différentes cascades. Plutôt classe, sauvage et glissant ! Au retour, le patron m’invite à déjeuner, toute la famille est là. C’est un véritable festin qu’ils ont préparé et c’est excellent. Nous discutons puis je dois partir pour prendre mon train en direction de Taipei.